L’IHTP a été fondé en 1978 et inauguré en 1980 par François Bédarida†, qui l’a dirigé jusqu’en décembre 1990. Lui ont succédé : Robert Frank, professeur d’histoire des relations internationales à Paris 1 (1990-1994), Henry Rousso , directeur de recherche au CNRS (1994-2005), Fabrice d’Almeida (2006-2008), avec Christian Ingrao, chargé de recherche au CNRS, directeur adjoint, directeur en fonction depuis septembre 2008.
Son histoire s’inscrit dans un double contexte : l’anamnèse collective qui a vu le réveil d’une mémoire européenne et internationale de la Seconde Guerre mondiale et des grands traumatismes du XXe siècle, et l’émergence concomitante d’une nouvelle historiographie du contemporain, entendu dans son son sens étymologique, qui a conquis une légitimité pleine et entière dans le champ scientifique.
L’IHTP est pour une part l’héritier du Comité d’histoire de la Deuxième guerre mondiale, créé en 1951, rattaché à la Présidence du Conseil, et dont les premières bases datent de 1944, lorsque le Gouvernement provisoire du général de Gaulle créé une Commission sur l’histoire de l’Occupation et de la Libération de la France (CHOLF) afin de réunir au plus près de l’événement des fonds documentaires et des témoignages. Dirigé par Henri Michel, le CHGM a joué un rôle important dans l’émergence d’une historiographie précoce sur la Résistance, la France occupée, le conflit militaire à l’échelle mondiale. Il a notamment créé dans les années soixante, le Comité international d’histoire de la Deuxième guerre mondiale.
En 1978, le Comité a été intégré à l’IHTP, un nouveau laboratoire propre du CNRS qui a hérité de sa bibliothèque et de ses archives. La promulgation de la loi de 1979, réduisant les délais d’accès aux archives publiques, et surtout le développement des recherches sur l’histoire récente ont entraîné la création d’un nouvel organisme auquel on a assigné d’autres missions. L’IHTP a ainsi développé et étendu l’historiographie de la Seconde guerre mondiale et a contribué à ouvrir de nombreux chantiers sur l’histoire récente du XXe et du XXIe siècle : l’histoire comparée des deux conflits mondiaux, l’histoire des guerres coloniales et de la décolonisation, l’histoire des nouveaux systèmes politiques totalitaires (fascisme, nazisme, communisme), l’histoire de la mémoire collective, l’histoire du droit et de la justice, etc.
L’investissement sur la dimension tragique du XXe siècle a développé parmi les chercheurs de l’IHTP et de son environnement proche une sensibilité particulière au poids de l’événement traumatique, à la confrontation avec le témoin, à l’analyse de la mémoire collective et des usages ou politiques du passé, à l’importance de l’image comme source majeure de représentation du temps contemporain, aux rapports avec la demande sociale et l’espace public, autant de questions au cœur de la pratique des historiens d’aujourd’hui.
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